Le curé THEVENET en guerre contre l'abbaye d'Entremont

Sire,

Supplie très humblement Rd Gaspard THEVENET, prêtre curé de la paroisse d'Évires en Bornes dans le Genevois.

Disant que les Rds Gaspard COCHET, oncle et neveu ses prédécesseurs dans la dite paroisse ont possédé et joui du bénéfice  d'icelle en qualité de pasteur l'espace de 64 ans. Savoir l'oncle 15 ans en qualité de vicaire et 35 ans avec la charge de curé et le neveu 14 ans en qualité de curé, tous deux ont été reconnus taillables à la royable abbaye d'Entremont. L'oncle s'en étant affranchi moyennant la somme d'environ 500 et quelques livres qu'il a placé  au Rd seigneur Marc Antoine de Granery,abbé de la dite abbaye, acte passé le 15 janvier 1692; a laissé par testament héritier son dit neveuet successeur dans la dite cure,  lequelest venu à mourir sans s'affranchir, sans mettre aucun ordre à ses affaires ni sans exécuter le desseinqu'il a déclaré à plusieurs témoins digne de foi et tous en vie, de vouloir jeter dans le  feu les livres de comptes de feu son oncle, les siens et tous les titres qui concernaient les pauvres paroissiensdu dit Évires et employerce que devaient les plus commodes aux réparations de l'église dudit lieuqu'il a laissé en très pauvre état, soit du côté de la fabrique (La fabrique, au sein d'une paroisse catholique, désigne un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l'administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis l'entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse : église(s), soit du côté des ornements. Aussi tout le peuple pria Dieu pour le repos de son âmeet  de celle de feu son oncle et que personne ne fit après eux aucune actiond'un bien qui provenait de l'église et de la piété des fidèles, ce qu'il n'aurait pas manqué de faires'il n'avait été surpris par la mort étant un prêtre fort aumonieret dont les charité éclatantes ont édifié fout lepays, notamment celle qu'il fit pendant l'année de disette dans laquelle on l'a vu vendre son cheval qui lui était très nécessaire et emprunter des sommes pour assister ses paroissiens et les empêcher de mourir de misère.Mais malheureusement comme sa mort précipitée etimprévue ne lui a pas permis d'effectuer ses charitables desseins, le Procureur et les fermiersde l'abbaye vacante dudit  Entremont ont vendu tous ses effets après sa mort et se sont emparés de tous ses titres de sortes qu'ils s'appliquent à exiger des dits paroissiens tout ce qui est porté par eux et par les livres de compte. On croit même que la somme sera très considérable par rapport à l'indigence des débiteurs qui sont pauvres puisqu'à peine la plupart ne peut