Ancêtres de Bresse et  de Savoie

Marie Saint Maur enfant trouvée de l'hospice de Poligny

L'hospice du Saint Esprit

Poligny 13950 59 w1000 3Avoir une ancêtre, enfant trouvée de l’hospice du Saint-Esprit de Poligny m’a poussée à rechercher comment fonctionnait cet établissement qui recueillait les enfants trouvés, abandonnés.

          En 1806, l’hospice du Saint-Esprit fut rendu à sa destination première, à savoir accueillir les enfants trouvés et abandonnés. Trois anciennes religieuses Paraud, Goyon et Marmet ont la charge de ces enfants. Elles désiraient comme autrefois pouvoir retirer les enfants de nourrice pour les éduquer dès l’âge de quatre ans. La loi du 14 décembre 1796 exigeait que les enfants des hospices soient maintenus dans les campagnes, jusqu’à l’âge de 12 ans. Elles demandèrent alors l’autorisation d’ouvrir un pensionnat qui leur fut accordée le 14 mars 1807.

          Deux décrets en 1809 et 1810 approuvent les statuts de ces religieuses et reconnaissent leur institution comme institution publique et lui donne ainsi une légitimité.

Les sœurs faisaient partie d’une congrégation particulière qui n’avait que deux maisons en France à Neufchâteau dans les Vosges et à Poligny. Parmi leurs privilèges spéciaux était celui de disposer librement de leurs biens et revenus.

          Par un arrêté du 24 décembre 1811, le Préfet désigne l’hospice de Poligny pour recevoir exclusivement les enfants abandonnés et trouvés du département. Deux arrêtés ministériels du 10 mars 1812 décident que cet hospice serait tenu

  • 1ed’avoir une salle d’accouchement pour les filles et femmes enceintes qui seraient admises à y faire leurs couches.
  • 2e de recevoir pour placer en nourrice jusqu’à 6 ans puis en pension jusqu’à 12 ans et en apprentissage dès cette période les enfants trouvés et exposés et les enfants abandonnés.
  • 3e de garder et élever ceux qui ne pourraient pas être mis en pension, les estropiés et les infirmes.

          Le nombre de religieuses d’abord fixé à 3 fut longtemps de 5 ou 6 st s’éleva enfin à 8. Il y avait en outre un aumônier, un receveur et 2servantes.

Les enfants de l’Hospice sont placés en nourrice dans la campagne environnante, jusqu’à Arlay, Vincent, Lombard où l’on trouve beaucoup de décès de ces enfants en bas-âge en nourrice dans des familles.

 

Marie Saint Maur exposée au tour le 14 décembre 1834

Tour de l hospice saint esprit a poligny 2Le secrétaire de cet hospice indiquait le jour et l’heure, faisait la description des habits avec l'indication d'un billet ou non et, en cas d’absence de cet extrait, puis l’enfant était enregistré sur le registre d’état civil avec deux noms. Le second servant de nom de famille d’où l’apparition de nouveaux noms de famille.

Le tour d’abandon était un trou percé dans un mur avec un tourniquet en bois. La personne qui dépose l'enfant, avertit la soeur tourière par un coup de sonnette. Aussitôt la soeur actionne le tour et présente l'ouverture côté rue. L'enfant est déposé en tout anonymat. L'appareil tourne encore et l'enfant est recuielli par la soeur tourière.

Marie Saint Maur fut déclarée à neuf heures du matin par Marie MARMET, supérieure de l’Hospice et sœur Elisabeth POUX. Marie Saint Maur a été « exposée » au tour à une heure et demie du matin ce 14décembre 1834 et immédiatement recueillie par les sœurs.

À côté du numéro de l’acte de naissance figure le numéro de l’acte qui figure dans les actes de l’hospice : 2318

La description de ses habits qualifiée de hardes ne laisse rien deviner de ses origines. Elle était coiffée de :

  •  2bonnets : 1 en taffetas ouaté garni de tulle noire
  • 1bonnet de calicot (Toile de coton utilisée pour les vêtements et sous-vêtements à usage courant)
  • 1chemise en calicot
  • 1mauvais maillot de toile
  • 1drap uni en toile, déchiré et troué
  • 1 couverture déjà usée en toile de coton rayé bleu et blanc, doublée en toile de coton bleu

Laquelle couverture, retenue avec des épingles enveloppait entièrement l’enfant.

Elle fut appelée Marie Saint Maur (nom d’un village voisin)

          Du 1er janvier 1812 au 18 mars 1844, 2376 enfants ont été abandonnés dans cet hospices dont 908 via le tour comme Marie Saint Maur le 14 décembre 1834. Parmi ces 908 enfants abandonnés au tour, 543 n’atteindront jamais l’âge de 12 ans. Les causes de décès étaient multiples : nourrissage la première année, maltraitance, précarité, promiscuité. Marie Saint Maur a donc eu beaucoup de chance.

Un établissement spécial fut annexé à l’hospice pour élever toutes les filles, dès l’âge de 5 ans jusqu’à leur placement dans le monde. Ces enfants recevaient y recevaient l’instruction primaire et on leur apprenait les travaux d’aiguilles.

          1468 ont également été abandonnés en passant par la porte. Là encore 922 mourront avant 12 ans.

          Dès 1835, le financement nourricier devient difficile. Des permanences policières sont mises en place au pied du tour. Dès 1839, le nombre d’enfants déposés dégringole et la suppression du tour intervient en août 1844.

Date de dernière mise à jour : 20/03/2021

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