Ancêtres de Bresse et  de Savoie

Jean-Gaspard COCHET, curé d'Evires au 17ème siècle

Un curé très présent dans la vie de ses paroissiens

Jean Gaspard Cochet naît à Groisy,  commune voisine le 1er mars 1633, fils de Martin COCHET (1601-1671) et de Cristofora Jacquet (1599- 1643) . Il est le septième d'une fratrie de douze enfants et est l’oncle de Jeanne COCHET qui épousera Jean-Gaspard CARRIER le fils du notaire CARRIER. Ordonné prêtre le 26 mai 1657, il est domicilié à Évires dès le 6 juillet 1658. Il devient vicaire administrateur d’Évires en 1663 pour le curé Richard (1663-1670) absent de la commune. Ceci est un phénomène fréquent, le curé en titre se décharge de sa fonction pastorale sur un vicaire-curé auquel il acense les revenus de la cure comme une vulgaire ferme. En 1443, la visite pastorale met en évidence certaines anomalies dans la paroisse d'Évires; d'abord dans l’église même et au presbytère où le visiteur dut ordonner au curé et aux paroissiens des réparations importantes sous peine d'excommunication. Cependant les paroissiens se plaignaient d'être insuffisamment desservis par un curé absent et un seul vicaire et demandaient deux prêtres en permanence. Les syndics furent convoqués à Cruseilles pour régler cette affaire. L’évêque obtint du curé l’engagement d'entretenir deux vicaires.

    Jean Gaspard Cochet devient lui-même curé de la paroisse en 1670. Il va pendant quarante-cinq ans, veiller sur l’âme des Évirois et partager leurs joies et leurs peines. C’est aussi au révérend curé Cochet que nous devons de posséder le plus ancien registre paroissial qui débute le 20 mars 1675, les précédents ayant brûlé au cours d’un incendie au presbytère. Il s’exprime en un français correcte dont l’orthographe rappelle davantage le latin et dont l’expression naïve ne manque pas de charme. L’écriture nette et ferme décrit bien le pasteur consciencieux qu’il était. Comme beaucoupde curés de son époque, le révérend Cochet s’oppose aux moines de l’abbaye d’Entremont dans les années 1680.

 

    Le 8 juin 1706, estimant qu’il était temps de songer à sa succession, il fait établir son testament nuncupatif par maître Monat notaire à la Roche sur Foron. Jean Gaspard Cochet est alors âgé de soixante-quatorze ans, il est en parfaite santé, mais il sait qu’à son âge, le temps lui est désormais compté et que la mort peut le rattraper à tout moment. Il veut disposer de ses biens « pour ne laisser aucune dispute entre ses plus proches parents après son décès ». Comme bon chrétien et digne ecclésiastique après avoir fait le signe de la croix et recommandé son âme à Dieu et demandé le saint patronage de la Vierge Marie, de Saint Jean Baptiste qui est aussi le saint patron de la paroisse, des « glorieux apôtres » Saint Pierre et Saint Paul, de Saint Joseph et de Sainte Agathe. Il fixe le cérémonial de ses obsèques avec minutie. Il demande que sa messe de sépulture soit célébrée par les révérends curés et prêtres du voisinage et que l’on donne à chacun trois florins monnaie de Savoie à condition que ceux-ci célèbrent effectivement la messe qu’il demande. On peut y voir une certaine méfiance du clergé dont il connaît les failles. Au cours de cette messe il sera porté treize cierges par treize pauvres de la paroisse : cinq seront ensuite donnés à la confrérie du saint sacrement, six seront donnés à son successeur, un sera effectivement brûlé le jour de son enterrement et le treizième servira pour la messe anniversaire de sa mort. Ensuite il demande que soient dites le plus rapidement possible, deux cents messes basses de requiem, pour le repos de son âme. Au 16ème et au 17 ème siècle, les testateurs aisés et les curés ont tendance à multiplier les demandes de messes et à exiger leur célébration immédiate. Cette conception magique de la messe nous surprend, comme si le nombre et la répétition rituelle comptait plus que la valeur du sacrifice. Il fera aussi des dons à l’évêque de Genève, aux frères capucins de la Roche et aux sœurs de Sainte Claire à Annecy. Il lègue 450 florins de Savoie pour être employés à la fabrication d’une petite cloche qui sera mise dans le clocher afin de sonner les basses messes. Jean Gaspard Cochet reposera dans le cimetière d’Évires parmi ses paroissiens proche de l’angle de la muraille du clocher, du côté du vent et là sera mise une pierre qui couvrira son corps sur laquelle sera gravée une croix avec ces mots :

« Olim parrochus Aquarii, et nunc ulvis et cinis, avec ces trois lettres : JGC ».

« Jadis curé d’Évires, maintenant poussière et cendres »

Ce testament n’a donc rien d’exceptionnel pour l’époque. Jean Gaspard Cochet souhaite des funérailles dignes d’un grand personnage.

    Aujourd’hui encore la pierre tombale récemment restaurée nous rappelle sa sépulture, placée juste devant le parvis de l’église. Seul vestige du cimetière, elle nous rappelle en même temps le caractère sacré de la place de l’église où reposent plus de dix générations d’Évirois.

 

Date de dernière mise à jour : 15/06/2017

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