Le recensement à Evires en 1698

    La dîmerie du Bois Noir rassemble cent cinquante et une personnes réparties en 29 foyers, c’est la plus importante dîmerie de la paroisse. 

Jacqueline Dupenloup âgée de cinquante et un ans, veuve de Jean Louis Berchet vit avec ses cinq enfants et sa belle sœur Jacquemine Merlin âgée de quarante six ans ,  veuve elle aussi de Pierre Berchet, frère de Jean Louis et son fils  François âgé de 13 ans.  Elles occupent quatre “serviteurs”: Aimé et Martin Tissot, les fils d’André Tissot  et de Jeanne Démolis  respectivement âgés de 23 et 26 ans; Perrine âgée de 17 ans dont le patronyme n’est pas indiqué et Jeanne Chappaz , probablement originaire de Thorens , âgée de 19 ans.  François Fontaine 30 ans, ses frères Vincent 24 ans et Jean Jacques  31 ans, les fils de Claude Fontaine et Claudaz  Billioz  ont chacun une servante pour Vincent et François, un serviteur pour Jean Jacques.  Les trois frères habitent près de leurs parents.  Pour l’anecdote, Claude ne semble guère apprécier son fils François puisqu’il a cru bon de l’émanciper et de l’exclure de son testament.  Vincent et plus particulièrement ses deux enfants  puisqu’il décédera  avant  son père seront les héritiers de  Claude.  Il leur lègue à chacun deux cents florins.  Cette opinion n’est  semble- t -il  pas partagée par les voisins puisque François sera sollicité seize fois  pour être parrain .  François semble dépensier et contracte un certain nombre d’emprunts ce qui ne semble pas être le cas pour ses frères.

      Jean Baptiste Carrier mon ancêtre, est lui aussi recensé, il dit  être âgé de 31 ans mais il est probablement plus âgé de trois ou quatre ans.  Avec lui est aussi recensée Andréa qui est enceinte de six mois , son frère François et  sa sœur Perrine.  Jean Claude n’était pas présent au moment de ce recensement.  Jean Baptiste est le voisin des frères Fontaine mais aussi de Jean Baptiste Mugnier, trente ans, remarié avec  Françoise Perreard, vingt six ans soeur d’Andréa .  Il était père de trois enfants et une petite fille âgée de deux mois au moment  du recensement était  venue agrandir la famille.  Près de Jean Baptiste Carrier,  habitent aussi sa tante Jeanne Carrier  et  son mari Pierre Vindret qui sont recensés avec leurs trois derniers enfants André, François, Jeanne .Leurs aînés, Anthoine , Guichard, Jeanne Louise , Claudine - Perrine  sont absents .  Comme beaucoup, ils ont quitté leur village d’Évires  pour aller louer leurs bras dans les campagnes ou les villes environnantes.  Seul Anthoine reviendra au pays en 1725 pour se marier avec Amédée  « Grinjond », une “étrangère” du village et repartira  peut-être s’installer dans le village de son épouse. Amblard Carrier, oncle de Jean Baptiste,  n’est pas très loin, lui non plus, il est veuf, et habite avec son fils aîné, Jean François et l’épouse de celui - ci ,Claudine Tissot,  ainsi qu’avec tous ses autres enfants, Jean Jacques, Claude François, Jean Louis,  Jeanne Marie, seule Françoise est absente.  Dans la dîmerie du Bois Noir habitent aussi Jean Berchet , oncle de Jean Baptiste  et son épouse Jeanne Démolis avec leur dernier fils Jacques né en 1683, leurs trois autres fils ayant quitté Évires pour ne plus y revenir;  tout près d’eux vit Claudaz VUAGNOUX , la veuve d’Henri Berchet , frère de Jean et aussi oncle de Jean Baptiste avec son unique fille vivante, sur les six enfants qu’elle a eu, Jeanne, née en 1681. l’oncle d’Andréa, Guichard VINDRET  et cousin de Pierre est lui aussi installé dans la dîmerie du Bois Noir, non loin de Jean Baptiste et Andréa avec sa femme Michèle TISSOT

La  dîmerie de Charni, la deuxième dîmerie par l’importance de sa population est avec 143 habitants composée de vingt - deux foyers.  Parmi elles, trois ont des serviteurs et servantes.  La plus aisée d’entre elles, est celle de  Jean Claude MERLIN qui a à son service deux “valets”: Jacques et Claude et deux servantes Jeanne Tissot  25 ans , fille de  Jean Claude TISSOT et de Jacquemine VUAGNOUX de la dîmerie du Bois Noir et Jeanne Duret  38 ans.  Leur nom est cité pour éviter la confusion de leur prénom.  Jean Claude est marié à Jeanne DURET 26 ans et ont deux filles Marie et Jeanne .  Avec eux vit Jeanne Tissot, 35 ans  veuve de Claude Merlin  et ses quatre enfants. Comment le pauvre Jean Claude faisait-il pour s’y retrouver avec ses quatre Jeanne ?  L’histoire ne le dit pas.  L’homonymie est la difficulté majeure pour identifier précisément les individus et faire une étude démographique.  C’est là que l’on apprécie les outils modernes comme l’informatique!  Il est à noter aussi dans cette dîmerie, la famille de Claude VUAGNOUX   vingt cinq ans, fils de Jean François VUAGNOUX  et Martine Rosset tous deux décédés, neveu de Louise VUAGNOUX, l’épouse d’Amblard Carrier,  et de Miaz  Desbiolles  vingt trois ans, son épouse qui comprend en tout onze personnes.  Claude et Miaz ont une fille Françoise âgée d’un an mais ils ont aussi la charge  de Jean, treize ans, Marie seize ans , Gasparde dix ans et Jeanne sept ans, les frères et sœurs de Claude .  Avec eux vivent  leurs cousins germains, les enfants de Jacques Vuagnoux  qui exerçait le métier de cordonnier et de Jeanne Dupont eux aussi disparus ,Jean Baptiste vingt trois  ans, Claudine dix neuf  ans, Marguerite 16 ans, Claude neuf ans.  Ils ont pour voisins leur oncle Louis VUAGNOUX  et son épouse Louise DÉSAIRE originaire de Groisy  et  4 enfants de leurs onze enfants, Dominique  vingt cinq ans, Jacques vingt ans et Jeanne vingt huit ans, cinq d’entre eux sont déjà décédés au moment du recensement.  Jean Claude l’aîné est marié avec la petite fille du notaire Louis Mouthon, Michelle Mouthon et Claudine est absente.  Près de Claude et de Miaz vit aussi la tante de Claude, Jacquemine VUAGNOUX  mariée à Louis Démolis dit Joannès et six de leurs enfants .  Un peu plus loin vit Catherine PERREARD veuve d’Aimé VUAGNOUX  l’oncle de Claude et trois de ses enfants.  La dîmerie de Charni regroupe essentiellement les familles VUAGNOUX  dit Pralet qui est aujourd’hui l’un des hameaux de la commune.  On trouve des familles TISSOT  : Jeanne VUAGNOUX  veuve d’Aimé TISSOT  et quatre de ses enfants , tout près, sa belle sœur Jacquemine VUAGNOUX  veuve de jean Claude TISSOT  et trois de ses enfants.  À Charni vit aussi , une famille faisant partie de ma généalogie, Martine  VINDRET quarante sept ans, fille de Pierre VINDRET   (1630 -1690) et Louise Démolis (1630-1705)  veuve de Pierre GONTHIER fils de Jacques GONTHIER décédé avant 1675 et Perrine DÉMOLIS  (1620 -1681) ,  ses sept filles et son beau frère Claude le jeune dit jouvenet  , âgé de quarante cinq ans.  Le surnom de Claude  (car il avait encore deux  frères prénommés Claude) est à l’origine du nom d’un hameau d’Évires “chez Jouvenet “ tout proche de l’autre hameau “Charni”.  Pierre est mort quelque mois avant le recensement le 24 août 1698.  Quatre jours plus tôt,  le mercredi 20 août 1698  dans sa maison  Pierre,  malade   demande  à Maître François Carrier  de venir pour établir son testament car Martine est enceinte d’un huitième enfant., il lui faut assurer l’avenir des siens.

.Héritiers particuliers: Claudine, Marie, Jeanne, Jacquemine, Perrine, Françoise, Andréa à chacune d'elles 250 florins, 1 moge, 1rang et 1/2 de toile, 2 quarts de froment, le tout payable le jour des noces et les années suivantes 33 florins 4 sols.

A Martine VINDRET., l'ususfruit de ses biens + 3 coupes de seigle mesure de  Roche payable à la St André

Un enfant doit naître

Héritier universel: L'enfant à venir si c'est un garçon, sinon Claudine Gonthier sa  1ère  fille.

  La somme de 250 florins qui constitue la dot de ses filles est en dessous de la moyenne des dots à Évires mais il a   sept filles à doter  et une huitième, Michelle,  naîtra en 1699.

 La dîmerie du Corbex , troisième dîmerie par son importance avec 113 habitants  composée de vingt foyers.  Les familles DUPENLOUP  sont  au nombre de onze  dans la dîmerie du Corbex .  Trois familles ont des domestiques.  Jean Claude Dupenloup né vers 1639 fils d’André DUPENLOUP  mort en 1685 et de Jacquemine TISSOT  (1605-1675)   est châtelain du vidonnat mais aussi bourgeois de la Roche .  Le vidonnat est une petite circonscription féodale assez ancienne, en tout cas antérieure  à l’établissement des châtellenies  vers 1300. Jean Claude est marié en seconde noce à Henriette Florentin originaire d’Arenthon et sœur du notaire.  Le 3 octobre 1698, il est à Évires avec sa femme et  huit de ses enfants, six autres  enfants sont déjà décédés au moment du recensement.  Sa fille Jeanne née en 1663 mariée à François ROSNOBLET a quitté la maison pour rejoindre la commune de son époux qui n’est pas précisée  et leur fils Jacques est absent.  Ils ont une servante Jeanne.

La  dîmerie de Daudens est La quatrième dîmerie  avec  cent six personnes et vingt foyers essentiellement les familles PERREARD   au nombre de huit dont les parents d’Andréa l’épouse de Jean Baptiste  CARRIER , Jean PERREARD   et Claudine VINDRET.  Là encore, les familles sont regroupées ainsi Pierre PERREARD dit Boclet, oncle de Jean vit à Daudens près de ses deux fils Claude et Jean et leurs familles respectives. Jean Louis VINDRET oncle d’Andréa, frère de sa mère, Claude François PERREARD, son cousin , fils de Martin PERREARD  et son épouse Louise DÉMOLIS, sa tante Claudaz PERREARD  mariée à son cousin germain Claude PERREARD  , fils de Pierre, résident tous dans la dîmerie .  François PERREARD  dit Chavanny est maréchal ferrand.  C’est à Daudens et plus particulièrement au village du Gabiot qu’est recensé le notaire François CARRIER  âgé de cinquante cinq ans.  Veuf de Claudine Olivier depuis 1686, il vit avec Gaspard son fils aîné âgé d’environ vingt sept ans  et Jeanne COCHET, nièce du curé d’Évires , son épouse âgée devingt quatre ans.  Avec eux habitent Claude vingt ans, Jacquemine dix huit ans ainsi que Jacquemine et Jeanne, les filles de Gaspard âgées respectivement de trois et un an.

La dîmerie du Montbéné est La cinquième dîmerie, voisine de la dîmerie du Bois Noir,  avec cent trois habitants regroupés en 17 foyers dont   quatre occupent des domestiques.  Marie FONTAINE, veuve de Claude CHALLUT, sœur de Claude FONTAINE et par conséquent tante de François, Vincent, Jean Jacques Fontaine de la dîmerie du Bois Noir emploie trois domestiques dont Jacques VINDRET, vingt ans, fils de Robert VINDRET et de Madeleine MAULET de la dîmerie des  Fresne.  Si la dîmerie du Bois Noir est le lieu d’origine de mes ancêtres par la branche des CARRIER , la dîmerie du Montbéné  est le berceau de mes ancêtres  par la branche des DUPONT et des MAULET.  Jean Baptiste DUPONT, âgé d’une quarantaine d’années et son épouse Jacquemine DÉMOLIS de dix ans sa cadette dont l’origine est inconnue sont recensés, à cette date ils ont trois enfants vivants .  Ils sont les arrières- grands parents de Marie Dupont qui épousera en 1800 Jean Louis Carrier, le petit-fils de Jean Baptiste et d’Andréa.  Leur fils Jean Baptiste, qui naîtra en 1708 bâtira une maison, qui est aujourd’hui, la plus ancienne maison du village de Chez Dupont datée de 1737.  Il est probable que le hameau actuel de Chez Dupont faisait partie de cette dîmerie. 

      Jean Baptiste Dupont et Jacquemine Démolis ont à leur service une servante, Françoise âgée d’environ dix huit ans.  Jean Baptiste Dupont a pour voisins Claude MAULET dit maître cinquante ans, époux de sa sœur aînée Jacquemine née vers 1652  et de Claude FAURE âgé d’environ quarante quatre ans, époux de sa sœur jumelle Claudine.  Dans cette même dîmerie habitent aussi Jean DUPONT  fils de Claude et de Perrine TISSOT âgé de vingt neuf ans environ et de son épouse Jeanne Lapierre âgée de quarante ans environ  avec ses deux sœurs: Jeanne  seize ans et Michèle dix huit ans ainsi que leur fils François âgé de deux ans.  Ils font partie eux aussi de mes ascendants.  Son voisin Claude MAULET, vingt six ans,  est recensé avec son épouse Martine DÉMOLIS, vingt quatre ans,  sa mère Jeanne DELACHENAL  soixante cinq ans ,et sa tante Claudine MAULET dite Sauteret âgée de quarante ans, toutes deux veuves, ainsi que son cousin Jacques âgé de huit ans .  Les parents de Martine, Claude DÉMOLIS et Claudine CHATTON (qui deviendra SUATTON) habitent tout à côté. C’est dans la dîmerie du Montbéné qu’habitent les deux syndics de la paroisse Jean et Jacques CHALLUT   respectivement âgés de vingt six et vingt cinq ans.

La  Côte est La sixième dîmerie avec onze familles et soixante six personnes recensées.  C’est à la Côte que vit Jean Baptiste CARRIER âgé d’une quarantaine d’années, cousin de Jean Baptiste Carrier de la dîmerie du Bois Noir.  Sa mère Jacquemine PERREARD est la grand tante d’Andréa, elle est âgée de soixante ans au moment du recensement.  Tout près habite Perrine CARRIER la fille de Jacquemine PERREARD et sœur de Jean Baptiste, elle est recensée avec son époux Claude l’Aîné DUPENLOUP dit rosé et deux de leurs enfants.  La Côte est le berceau des familles ROSSET mais aussi celui de la famille de Louis MOUTHON le notaire.

La dîmerie des Fresnes est la septième dîmerie avec dix familles et comprenant soixante et une personnes.  Seules deux familles ont des serviteurs.  Cette  dîmerie comprend cinq familles MAULET  et  les trois fils de  François DUPENLOUP dit la mort qui ont chacun leur propre foyer.  Deux familles VINDRET  , les cousins de Pierre Vindret habitent aussi la dîmerie.

la dîmerie du Champ,  avec seulement huit familles et trente huit personnes recensées.  Berceau  des familles NICOUD  et ROSSIER , ces deux familles sont aujourd’hui disparues.  Aucune de ces familles n’ont à leur service un domestique.