Ancêtres de Bresse et  de Savoie

La peste en Savoie

  1. L’épidémie

Jean-Louis CARRIER fils de Claude-François CARRIER, le plus ancien de mes ancêtres connu, naît vers 1625 en pleine épidémie de peste[1].

La peste, régnait à l’état endémique, mais elle se réveille par grand accès meurtriers dès le milieu du 16ème siècle. De 1613 à 1617, la peste atteint le Faucigny (Cluses en 1613)[2], le Chablais, Genève et ses environs, épargnant le reste de la Savoie. La dernière épidémie générale, la plus meurtrière se produit de 1629 à 1632. Elle sévit sur toute l’Europe occidentale apportée par les armées en marche et les bandes de miséreux. Dès 1628, la Savoie se trouve cernée de tous côtés par la peste s’est propagée en Suisse, en Bourgogne, à Lyon, en Languedoc et bientôt en Franche-Comté, en Dauphiné et en Provence. Annecy et sa région sont touchées dès avril 1629. Le fléau s’apaise à la fin de l’année pour se réveiller en juin 1630 jusqu’à la fin septembre. Chambéry est contaminé en décembre 1629 par Annecy semble-t-il et la maladie règne jusqu’à la fin de 1631. En Maurienne, la peste se déclare fin juin 1629 amenée par les troupes qui reviennent de Montferrat, et se prolonge jusqu’en 1632. Le Chablais semble relativement épargné, mais le Faucigny est atteint en 1630.

Impossible de dresser un bilan précis des morts de la peste. Les registres paroissiaux s’interrompent fréquemment durant la contagion, comme c’est le cas à Annecy et les paroisses du plateau des Bornes. Évires fut aussi touchée comme partout, une partie de la dîmerie des Fresnes fut décimée laissant place à un hameau qui s’appelle depuis « Chez les Morts » en référence à cette épidémie de peste. D'autre part, il paraît qu'un cimetière avait été réservé pour les morts de la peste vers le bois du Pessey à proximité du Chef-lieu actuel.

 

 

recette-contre-la-peste.jpg Recette contre la peste

1. Les remèdes

Les moyens dont on disposait au 16ème et au 17ème siècle pour lutter contre la peste nous paraissent aujourd’hui bien dérisoires. Les anciens avaient certes quelques recettes mais le seul remède vraiment efficace semble avoir été l’excision des bubons lorsqu’ils apparaissaient, ce qui permettait au malade d’avoir une chance sérieuse de guérison.

On était mieux armé pour la lutte indirecte contre le fléau : le repérer, le circonscrire, l’empêcher de se répandre. L’efficacité de ces moyens indirects fut considérablement renforcée par la création d’un organisme centralisateur : le Magistrat de santé créé à Turin le 8 août 1576 par Emmanuel – Philibert, et son homologue, à Chambéry constitué le 17 avril 1577. Cet organisme regroupait les conseillers de l’État, les procureurs et avocats généraux du Sénat, le juge mage de Savoie, les deux premiers syndics et le capitaine de Chambéry. Ses règlements avaient force de loi dans le duché, les syndics constituant ses organes de transmission et d’exécution. Peu à peu un quadrillage efficace se mit en place. Le règlement du 31 octobre 1587 met en place dans les villes et mandements un capitaine de la santé chargé de veiller sur la santé dans les villes et mandements, il devra : « faire vuider les infects et leurs meubles, enfermer les suspects, les séparer et empescher le mélange moyennant l’aide et assistance des syndics, secourir les infects et suspects en leur faisant donner des remèdes et autres choses nécessaires, et donnera advis au magistrat de toutes occurances d’heure en heure ». Placés sous la direction d’un capitaine général de la santé établi à Chambéry, ces officiers étaient aidés à la campagne par des « surveillants de santé », généralement les châtelains locaux.

Par un réseau de correspondance avec Genève, Lyon Grenoble, le Magistrat de santé se renseigne sur les directions possibles de l’épidémie. Les billets de santé, véritables passeports sanitaires, empêchent la contamination par les voyageurs en provenance des lieux infectés. En temps de contagion défense de s’éloigner sans l’autorisation des syndics ou du capitaine de santé et sans billet à présenter aux autorités des lieux de passage et de séjour et à rapporter au retour pour assurer que l’on n’a pas traversé de régions suspectes. La garde des portes en ville est renforcée, les hôtes et cabaretiers sont particulièrement surveillés, il leur est défendu d’accueillir des voyageurs non munis de billets de santé.

La peste entraîne aussi avec elle l’arrêt de l’activité économique, la disette et la misère. Par suite des interdictions de circuler, le transport des marchandises, le commerce local et les foires sont interrompus.

Aussi aux moindres alertes, riches et notables désertent les villes et gagnent leurs résidences de campagne.

Il est incontestable que ces efforts finirent par porter leurs fruits avant même la seconde moitié du 17ème siècle où la Savoie se libère plus tôt que d’autres provinces de la peste qui pesait à la fois sur sa démographie mais aussi sur son économie.

 

2.  Les croyances

Devant un mal aussi implacable renaissent les grandes peurs paniques. Fléau envoyé par Dieu pour châtier les péchés des hommes, la peste ne peut être vaincue que par le recours au surnaturel, les processions expiatoires, les vœux aux saints protecteurs : saint Sébastien, saint Roch, les saints médecins : Côme et Damien. Les fondations de chapelles votives se multiplient. On croit aussi que le diable n’est pas étranger à ce malheur et, devant la rapidité d‘extension du fléau, en dépit des précautions prises, on pense que les sorciers munis de drogues magiques empoisonnent les puits et les fontaines, contaminent la nourriture et les vêtements pour propager la peste. Malheur au suspect, au vagabond, à tout individu dont le comportement n’est pas conforme à la normalité ; il est arrêté et torturé et risque fort d’être brûler vif.


[1] Histoire de la Savoie, sous la direction de Paul GUICHONNET, PRIVAT p 243

[2] La Savoie de la Réforme à la Révolution française, Roger DEVOS, Bernard GROSPERRIN, Ouest France, p 127 à 129

 


Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

Commentaires

  • Castets
    • 1. Castets Le 16/04/2020
    Bonjour,
    votre recette contre la peste est "excellente
    Connaissez vous la source ?
    Peut on l'utiliser (pour ma généalogie qui n'est pas sur le web ) ?
    Enfin, est ce testé contre le Covid 19 ?
    bien cordialement
    PhC
  • Olivier Chamot
    • 2. Olivier Chamot Le 19/06/2015
    Bonjour, Je suis en train de mettre en page la généalogie de ma famille. J'aimerais pouvoir utiliser si vous me l'autoriser une partie de votre texte ci-dessus concernant la peste ainsi que l'image votre "recette". Ceci en citant votre site bien sur en temps que référence.
    N'hésitez pas à me dire si vous ne le souhaitez pas
    Bien cordialement

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